Intersectionnalité TMTC : Paris-Bruxelles #ITMTC

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Nous, enfants des anciennes colonies, parmi lesquels nous sommes femmes, queers, trans, travailleur.e.s du sexe, migrant.e.s, prolétaires, étudiant.e.s précaires, chômeur.e.s, non intégrables aussi bien sur le marché de l’emploi que sur celui de l’identité nationale… prenons la parole pour changer nos vies !

Pourquoi « intersectionnalité » ?

L’intersectionnalité, c’est pas compliqué, c’est une vision politique héritée des luttes des femmes noires américaines. On connait le mouvement des droits civiques, le mouvement Black Power, mais il y a eu aussi l’émergence du Black feminism. Le but ? Montrer que le féminisme qui s’appuie sur l’expérience des femmes blanches, l’antiracisme qui s’appuie sur l’expérience des hommes noirs, et l’anticapitalisme qui refuse de prendre en compte le racisme et le sexisme, sont des impasses pour celles qui sont à la fois femmes, noires et de classe populaire. Résultat : il y a eu un foisonnement de groupes, des quartiers populaires jusqu’aux universités, qui militaient et militent encore contre les violences d’Etat et intracommunautaires touchant les femmes noires pauvres ; violences spécifiques dont tous les autres mouvements se fichaient et se fichent encore royalement.

Nous, avec cet héritage-là, on propose d’élargir dans le contexte francophone (France-Belgique) non pas seulement aux femmes noires pauvres, mais à toutes celles et ceux qui sont issu.e.s des anciennes colonies et se situent à l’intersection de plusieurs autres situations de domination, et sont vulnérables au durcissement du système néo-libéral : femmes prolo lesbiennes, trans hommes et femmes au chômage, femmes et hommes queer musulman.e.s, travailleur.e.s du sexe migrant.e.s, queers et trans migrant.e.s etc.

Tout ça, ça s’inscrit dans une lutte plus globale : contre le système patriarcal, raciste et capitaliste dans son entièreté. Mais dans cette lutte globale, il y a des spécificités qui doivent être prise en compte en même temps. Et c’est sur ce terrain des spécificités qu’on se situe, en faisant des allers retours entre nos positions spécifiques et un idéal global contestaire.

Pourquoi ces journées ?
Nous sommes fatigué·e·s et énervé·e·s de voir un outils de lutte construit par nous et pour nous être récupéré, malmené et vidé de toute substance par les intelelctuel·le·s, académiques, politiques blanc·he·s qui ont décidé de parler de nous sans nous. En plus des intellectuel.le.s, les activistes blanc.he.s utilisent l’intersectionnalité comme un moyen d’appeler à une supposée “convergence des luttes” qui n’est en fait qu’un moyen d’obtenir le soutien des racisé.e.s ( c’est à dire nous les non blancs, éternels « étrangers » en Europe) pour leurs luttes, et jamais en retour être de vrais allié.e.s pour les nôtres. En gros, l’intersectionnalité sert paradoxalement aux blanc.he.s, universitaires et/ou militant.e.s à évacuer la question du racisme systémique et tout potentiel transformateur pour les racisé.e.s.
Dans le même temps, un certain anti-racisme prèfere réduire l’intersectionnalité à l’usage dépolitisant qu’en font les blanc.he.s cité.e.s précédemment, afin de mieux nous faire taire et invisibiliser les usages que nous en faisons. Ce qu’ils veulent ? Qu’on se batte pour l’égalité entre hommes hétérosexuels de toutes les communautés, blanches et non blanches, sans rien changer au patriarcat, à l’hétérocentrisme et la transphobie.
D’autres, marxistes, côté intellos perchés ou militant, choisissent de réduire “les intersectionnelles” à un groupe homogène qui serait fondamentalement à l’ouest sur les questions économiques et le capitalisme, trop “identitaires”, voire pour certains “sans programme politique”, même quand eux-mêmes n’en ont pas (si ce n’est défendre leur pré-carré).

Au fond, ces mêmes personnes continuent toutes d’ignorer les racisé.e.s qui travaillent et luttent sur ces questions depuis longtemps, ici, qu’elles utilisent ou pas le terme « intersectionnalité ». Cette attitude, cette appropriation de nos paroles et vécus, ces silenciations et invisibilisations de nos positions spécifiques dans les rapports d’exploitation et dans les différents systèmes d’oppression, sont tout simplement une dépolitisation d’un outil politique radical construit pour et par nous.
Nous décidons de tchiper et balayer d’un geste nonchalant de la main des propos qui ne retiendront désormais plus aucune de nos considérations.

Toi-même tu sais #TMTC
Il est alors temps de recréer des espaces pour nous afin de repolitiser et se réapproprier nos vécus, nos projets et nos luttes. Par la politisation de nos conditions dans la société, nous incarnons l’intersectionnalité. Nous sommes les experts de nos vies et possédons la matière première à une lutte inteserctionnelle et véritablement transformatrice, qui s’inscrira dans le mouvement global contre ce système pourri qui fabrique l’exploitation, l’oppression et la mort pour certain.e.s, afin que d’autres puissent se la couler douce.

Travaillons ensemble à construire des mouvements qui ont un réel impact sur nos vies !

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